Blogia
arteyliteratura

Las "Quimeras" de Nerval

Las "Quimeras" de Nerval Nerval es un poeta que amé a los 19 años. Me lo descubrió Tomás Segovia, poeta español exiliado en México, que tenía el don o la maestría de traducir (del italiano, del francés), no sólo la poesía (la letra, sino también el ritmo, que es el espíritu del poema. Así, me recitó muchas veces estos hermosos versos, etéreos, misteriosos. Acaba de publicarse en Galaxia Gutemberg su traducción de la Obra Completa de Nerval.
Su verdadero nombre fue Gérard Labrunie (1808-1855), y se le considera dentro del grupo de los poetas simbolistas franceses. Su universo son los sueños y las alucinaciones, el mundo mitológico y el mundo de la leyenda y el mito. Los surrealistas le veneraron. En sus escritos refleja sus propias experiencias y sueños, revelando las visiones y fantasías que amenazaban constantemente su cordura, como en Aurelia (1853), que aborda los temas del amor perdido y la salvación religiosa. Los relatos incluidos en "Las hijas del fuego" (1854), entre los que destaca Silvia, son extrañas reminiscencias de la juventud y la belleza perdidas. Los sonetos, en alejandrinos franceses de "Las quimeras" (1854) están dominados por la desesperación. Como toda alma sensible no soportaba la vida. Se suicidó un año después de publicar esos poemas. Es uno de los grandes. Uno de los indispensables.

El Desdichado
Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phoebus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine;
J'ai rêvé dans la Grotte où nage la Sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron:
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

Myrtho
Je pense à toi, Myrtho, divine enchanteresse,
Au Pausilippe altier, de mille feux brillant,
À ton front inondé des clartés de l'Orient,
Aux raisins noirs mêlés avec l'or de ta tresse.

C'est dans ta coupe aussi que j'avais bu l'ivresse,
Et dans l'éclair furtif de ton oeil souriant,
Quand aux pieds d'lacchus on me voyait priant,
Car la Muse m'a fait l'un des fils de la Grèce.

Je sais pourquoi là-bas le volcan s'est rouvert...
C'est qu'hier tu l'avais touché d'un pied agile,
Et de cendres soudain l'horizon s'est couvert.

Depuis qu'un duc normand brisa tes dieux d'argile,
Toujours, sous les rameaux du laurier de Virgile,
Le pâle hortensia s'unit au myrte vert!

0 comentarios